20 ans après la chute du mur de Berlin (1):
L’Union soviétique dans l’histoire L’Union soviétique dans l’histoire par Michel Buenzod membre du Comité de rédaction de Gauchebdo (hebdomadaire du Parti Suisse du Travail)
Repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ depuis le site du Parti Suisse du Travail
Le poids du passé:: On pouvait penser que le socialisme succéderait à un capitalisme développé, tel qu’il existait en Occident au XIXe siècle.
Or, c’est en Russie, son maillon le plus faible, que le système a cédé d’abord, comme on voit qu’il a tendance à le faire aujourd’hui dans certains pays pauvres d’Amérique latine.
Contrairement aux autres grandes puissances, ce pays est sorti très tard de la féodalité. Le servage n’a été aboli qu’en 1861, soit approximativement quatre-vingt ans après sa disparition dans le autres Etats dominants. A la veille du nouveau siècle, la paysannerie représentait environ 80% des sujets du tsar. Au moment de la Révolution de 1917, 90% de la population rurale était analphabète. Ainsi près des trois quarts des gens ne savaient ni lire ni écrire.
Pour gouverner cet immense pays centralisé, la classe dirigeante avait besoin d’une énorme bureaucratie, notamment policière, et excluait tout recours, sinon cosmétique, à des institutions démocratiques même bourgeoises, telles que les connaissaient des nations comme l’Angleterre ou la France. Les massacres de paysans, les déportations collectives, l’envoi des opposants en prison et en Sibérie, les pogroms contre les juifs, les pendaisons constituaient des caractéristiques de la politique des tsars. En outre, dans la « Sainte Russie », l’Eglise, mystique et primaire, était un précieux auxiliaire de l’autocratie qui, d’une façon générale, exploitait la servilité envers les riches et les puissants.
Certes, des entreprises capitalistes importantes se développèrent rapidement, exploitant une classe ouvrière très combative, mais encore proche de ses origines paysannes. Aux alentours des grands centres urbains (notamment Moscou et surtout Saint-Pétersbourg), les travailleurs étaient pour la plupart concentrés dans de vastes usines. A la veille du premier conflit mondial, le pays était la cinquième puissance industrielle du globe.
La guerre, à laquelle participe la Russie dès 1914, aggrave encore la situation : le chômage s’étend, la misère et les famines deviennent endémiques ; le conflit est une boucherie pour l’armée russe.
Une première question se pose d’emblée.
Fallait-il entreprendre une révolution socialiste dans un tel contexte ? Les bolcheviks, les communistes, n’ont-ils pas commis une erreur en prenant le pouvoir en octobre 1917, alors que les conditions de succès à long terme étaient si précaires ?
Pour les mencheviks, de tendance social-démocrate, il aurait été préférable de s’abstenir et d’attendre que le développement du capitalisme en Russie permette le passage à une société plus juste. Autrement dit, de prolonger les souffrances du peuple des décennies encore.
La Révolution a été le dernier acte d’une crise sociale très profonde qui mûrissait depuis plus d’une quinzaine d’années et qu’avait déjà révélée la révolution vaincue de 1905. Les premières organisations syndicales se créent alors. Les grèves politiques, les manifestations ouvrières réprimées dans le sang se multiplient en de nombreux endroits.
C’est aussi à ce moment-là qu’apparaissent spontanément les premiers soviets. (« Soviet » signifie « conseil », dans le sens d’assemblée de délégués.) Cette forme de pouvoir populaire va se développer par la suite : des soviets de représentants d’ouvriers, puis de paysans et de soldats feront leur apparition, pour remplir, en 1917, le vide politique laissé par l’incapacité du gouvernement provisoire formé de bourgeois et de réformistes, mis en place après l’abdication du tsar.
Des Congrès, issus des soviets locaux, vont se réunir, devenant le centre réel du pouvoir. D’abord, les bolcheviks n’y disposent pas de la majorité. Mais, comme ils sont les seuls à répondre aux vœux profonds de la population, ils acquièrent cette majorité, ouvrant la voie à la révolution sociale à laquelle elle aspire.
"Au moment de la Révolution d’octobre, il n’était plus nécessaire de s’emparer du pouvoir : il suffisait de le ramasser là où on l’avait laissé tomber." Eric Hobsbawm
S’il est vrai, sans doute, que des soldats, issus du peuple, ont joué un rôle sur le plan militaire dans la prise du pouvoir, parler de « coup d’Etat », comme le font souvent les historiens de droite, c’est ignorer ces réalités. C’est ignorer que seuls de hauts gradés impopulaires s’apprêtaient, avec le général Kornilov, à donner un coup d’arrêt à la colère des exploités et que, en 1917, la bourgeoisie russe incapable de bâtir un Etat sur les ruines du tsarisme, laissait faire.
L’influence des bolcheviks, au contraire, ne cessait de croître ; au 2e Congrès des Soviets réuni alors, ils sont majoritaires. Ils constituent en effet le seul parti ayant la confiance des masses, parce qu’ils veulent que le pays se retire de la guerre, que les paysans obtiennent la réforme agraire exigée depuis longtemps, et que les banques et les grandes entreprises soient contrôlées par la puissance publique.
L’historien anglais bien connu Eric Hobsbawm le dit en toute clarté :
« A l’automne 1917, une énorme vague de radicalisation populaire, dont les bolcheviques étaient les principaux bénéficiaires, balaya le gouvernement provisoire, de telle sorte qu’au moment de la Révolution d’octobre, il n’était plus nécessaire de s’emparer du pouvoir : il suffisait de le ramasser là où on l’avait laissé tomber. Nous en avons des preuves concluantes. L’idée selon laquelle Octobre n’était qu’une espèce de coup d’Etat mené par des conspirateurs ne tient pas.
» .- La Révolution du 7 novembre 1917 fit très peu de victimes, ses adversaires étant extrêmement faibles.
Mais les partisans de l’ancien régime, dirigés par nombre de généraux blancs, entamèrent une guerre civile qui fut rapidement soutenues par les puissances occidentales. Dix sept pays étrangers intervinrent : en particulier, les Anglais dans le Caucase, les Français à Odessa, les Américains (et même les Japonais) en Sibérie.
Le conflit dure jusqu’en 1922. A ce moment-là, la situation économique est catastrophique.
Lénine instaure alors la NEP, une nouvelle politique économique, favorisant le développement des entreprises de taille modeste et préservant la petite propriété paysanne. Lorsqu’il meurt en 1924, le pire a été évité, mais le problème majeur demeure : comment transformer le pays, de telle façon que la misère en soit bannie et qu’une société plus juste puisse grandir ? Constatant l’échec des mouvements révolutionnaires en Europe occidentale, Lénine a toutefois eu le temps de se prononcer en faveur de « la construction du socialisme dans un seul pays ».
Fuente: Repris par
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