Élections en Hongrie : les communistes persécutés dans une situation de semi-clandestinité résistent avec une progression de 0,5% des votes
Élections en Hongrie : la droite fascisante s'installe, les communistes persécutés résistent
Le premier parti extra-parlementaire, ce sera le Parti Communiste, rebaptisé « Parti des Travailleurs de Hongrie » en 2013, après la loi interdisant le communisme. Les communistes,
avec 40.000 voix, le 0,6 % des voix, Cela constitue une progression , puisque le parti n'avait réalisé que 0,1 % des voix en 2010.
Les élections hongroises marquent une nouvelle étape dans la lente glissade d'un pays au cœur de l'Europe vers une forme
de régime autoritaire, fascisant, tandis que les forces communistes, de gauche, réprimées tentent de résister.
Vingt-cinq
après la contre-révolution en Hongrie, le processus touche à son
terme : le discours sur la restauration de la
liberté en 1989 cède place à la réalité d'un régime mêlant
libéralisme économique, nationalisme revanchard raciste et
anti-communiste, réhabilitation du fascisme.
Les élections du 6 avril 2014 étaient préparées par une loi électorale – avec redécoupages, scrutin majoritaire, atténuant
encore le caractère démocratique du scrutin –, elles ont marqué une large victoire de la droite extrême.
Le FIDESZ tout-puissant : la « mise au pas » de la Hongrie
D'un côté, le « FIDESZ » (Alliance citoyenne hongroise) de Viktor Orban, obtient 44,5 %. Si le parti est en recul ( -
8,2 points), grâce à sa loi électorale taillée sur mesure pour cette échéance électorale, il obtient 133 des 200 sièges.
Il est loin le « FIDESZ » de 1989, chouchou des médias occidentaux, parti libéral orné de l'étiquette
dissidente.
Déjà
au pouvoir entre 1998 et 2002, Viktor Orban était alors vanté comme un
modèle de la contre-révolution libérale à l'Est, sa
politique mêlant atlantisme (entrée dans l'OTAN en 1999), européisme
(début du processus d'intégration européenne) et ultra-libéralisme
économique (baisse d'impôts et de cotisations pour les
entreprises).
Après
son retour en pouvoir en 2010, il est difficile de faire passer Orban
pour un bon démocrate. Orban a entamé depuis la
« mise au pas » du pays, qu'il masque derrière une rhétorique
d'homme fort en lutte avec les grands pouvoirs, dont le FMI, l'UE pour
restaurer la « Grande Hongrie ».
L'instauration d'un pouvoir autoritaire. C'est le point qui occupe les médias occidentaux, Viktor Orban a
entamé depuis 2010 un processus de concentration de tous les pouvoirs entre ses mains et celles du « FIDESZ ».
Orban
a ainsi instauré la mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir
judiciaire, une « loi sur les médias » qui
installe une tutelle des hommes du FIDESZ sur les médias nationaux,
tandis que le gouvernement a fait passer en force plus de 300 lois qui
ont transformé le pays.
Dans le même temps, le discours d'Orban se centre sur la valorisation des « bons Hongrois », un populisme qui ne
laisse guère de doute sur les « mauvais Hongrois », avec la double figure du juif puissant et du rom miséreux.
Le libéralisme économique malgré tout.
Les médias occidentaux aiment à présenter Orban comme un
interventionniste forcené. Certes il a pris quelques mesures
populistes qui ont pu faire illusion, telle la « nationalisation » des
fonds de pension, une mesure prise aussi par la
Pologne.
Toutefois, Orban – en dépit de ces affrontements médiatisés avec le FMI – a continué le rouleau compresseur
libéral :
casse
du Code du travail, démantèlement de la Sécurité sociale, relèvement de
l'âge de départ à la retraite, réforme de
l'éducation supérieure avec hausse des frais d'inscription,
privatisation du secteur et suppression des bourses, entre autres.
Enfin, réécriture revancharde de l'histoire.
Le gouvernement d'Orban œuvre à une véritable réhabilitation de la
Hongrie de Miklos Horthy, dictateur fasciste de la Hongrie de 1920 à
1945, allié fidèle de Hitler pendant la Seconde guerre mondiale.
Orban
a débaptisé les rues, places portant encore des noms de dirigeants
communistes ou faisant référence à la Libération du
pays par l'Armée rouge, tandis que des rues étaient rebaptisées, des
statues étaient érigées en l'honneur de Horthy et de son régime
fasciste.
C'est
dans le cadre de cet esprit revanchard philo-fasciste et
anti-communiste que le Parti communiste, ainsi que les symboles
et l'idéologie communistes, ont été interdits l'an passé par le
gouvernement. Sans que cela ne suscite de protestation européenne
naturellement.
Le
dirigeant hongrois joue de la nostalgie de la « Grande Hongrie », celle
d'avant le traité du Trianon en 1920. Ce
« pan-magyarisme » pousse Orban à réveiller le séparatisme des
minorités hongroises de Roumanie, Slovaquie, cultiver un nationalisme
ethnique dont Juifs et Roms sont exclus.
Orban
a ainsi fait passer deux mesures symboliques. La première établissant
un « Jour de l'unité nationale » pour
commémorer le Traité du Trianon. La seconde accordant la citoyenneté
à tout « Hongrois ethnique » situé hors des frontières hongroises.
Le JOBBIK à 20 % : le fascisme au plus haut en Hongrie
Le plus effrayant, c'est que cette droite fascisante d'Orban abrite une des extrême-droite les plus agressives et
désormais puissantes d'Europe, en réalité alimentée non seulement par le discours du « FIDESZ » mais aussi par son soutien politique tacite.
« JOBBIK »
(les « meilleurs ») a dépassé la barre des 20 % lors de ce scrutin,
avec 20,54 % ( + 3,9 points),
bien qu'ils n'aient gagné que 24 sièges, devenant toutefois le
deuxième parti parlementaire du pays. En 2006, il ne représentait que
2,2 % des voix, en 2010, 16,6 %.
« JOBBIK » incarne une extrême-droite en ascension en Europe, aux références et à la pratique ouvertement
fascistes. En effet, le parti nourrit la nostalgie du régime de Horthy, voue une haine farouche au communisme, ainsi qu'à la démocratie.
Cette formation ancre son nationalisme dans le projet « irrédentiste » d'un nationalisme ethnique, revenant sur le
diktat du Trianon, nourrissant le rêve d'une « Grande Hongrie ».
Les ennemis de la nation sont alors d'un côté le rom,
perçu comme une menace pour la sécurité et l'identité nationale,
qu'il s'agit de séparer du reste de la population, de cantonner dans
des « zones communautaires », des « pensionnats » réservés à ces
populations.
De l'autre, le juif, qui devient la figure dévoyée de la domination capitaliste sur le peuple hongrois. Les diatribes
du parti contre la finance apatride, les diktats européens, se nourrissent d'un anti-sémitisme latent dans la population hongroise, cultivé par les fascistes.
JOBBIK joue ainsi un rôle « national-populiste », qui canalise la colère populaire,
en particulier
dans les régions rurales, vers la solution fasciste. Il est frappant
également de constater la porosité entre ses thèmes et ceux appliqués
par la droite traditionnelle.
Comme le Front national en France dans des contextes bien différents, JOBBIK a essayé lors de scrutin de donner une image plus
respectable, tout en concentrant désormais plus ses foudres sur les questions sociales que strictement raciales.
Le
parti a remisé ses chevaux de bataille traditionnels – croisades
homophobes, rétablissement de la peine de mort, restauration
des valeurs chrétiennes – il a mis de côté ses sinistres milices
(l'ancienne « Garde hongroise ») aux chemises noires, brassards aux
croix médiévales, spécialistes de la « chasse
aux roms ».
C'est désormais JOBBIK, aux yeux de millions de Hongrois dupés, qui incarne l'opposition à l'Union européenne,
aux multi-nationales, à la paupérisation croissante de la
population. C'est précisément le rôle que lui confie le FIDESZ et la
classe dominante hongroise.
Vingt-cinq ans après la restauration capitaliste en Hongrie, il ne faut pas oublier que sur 10 millions d'habitants, 1,5
millions de personnes vivent avec moins de 200 € par mois, 4 millions avec moins de 250 €.
Face à une 'gauche' socialiste qui a capitulé …
des communistes persécutés en résistance, première force extra-parlementaire
Quand on parle de la gauche en Hongrie, il est difficile d'y inclure le Parti socialiste (PS), officiellement héritier du défunt
Parti socialiste ouvrier hongrois qui a dirigé la Hongrie sous l'ère communiste.
Historiquement, le PS a été un défenseur plus acharné des privatisations, de l'austérité, ainsi que de l'intégration
européenne et atlantique. Il a aussi connu été entaché de plusieurs scandales de corruption.
Or,
au lieu d'incarner une résistance populaire, marquée à gauche, le PS
lors de ce scrutin s'est encore recentré en s'alliant
dans la coalition « Unité » avec le « Parti libéral hongrois » et la
« Coalition démocratique » de l'ancien premier ministre libéral et
corrompu Ferenc
Gyurcsany.
« Unité » a obtenu 38 sièges (dont 29 pour le PS) et 26 % des voix.
Derrière les quatre partis qui auront une représentation parlementaire – le quatrième étant une sorte de parti écologiste, ancré
ni à gauche ni à droite (ce que disent toujours les partis de droite!) –, le premier parti extra-parlementaire, ce sera le Parti communiste, rebaptisé « Parti des
travailleurs de Hongrie » en 2013, après la loi interdisant le communisme.
Certes, les communistes restent très loin derrière les trois principaux partis, avec 0,6 % des voix, 40 000 voix. Cela constitue une progression , puisque le parti n'avait réalisé que 0,1 % des voix en 2010, étant menacé alors d'extinction.
Le
résultat est d'autant plus à signaler que les communistes agissent
désormais dans une situation de semi-clandestinité, toute
référence à leur idéologie, leur nom, leurs symboles étant désormais
prohibés, alors que celles évoquant le passé fasciste de la Hongroie
sont valorisées.
Dans la Hongrie de Orban, l'heure est à la résistance. Pour nous, communistes, progressistes français, cet exemple
inquiétant nous incite à la vigilance.
Fuente: Solidarite Internationale/PCF/PrensaPopularSolidaria
http://prensapopular-comunistasmiranda.blogspot.com
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