En Allemagne, face à une nouvelle grève des cheminots, le patronat presse le gouvernement à limiter le droit de
grève
Article AC pour: Solidarite Internationale_PCF
Le
patronat allemand a fait plier tous les syndicats regroupés dans une
DGB – force
motrice de la CES – encline à la collaboration dans la co-gestion.
Tous ? Non, de puissants syndicats de base résistent, comme celui des
conducteurs de train. Mais le patronat presse pour
que le gouvernement abolisse le droit de grève.
Ce lundi à partir de 18h, le syndicat allemand des conducteurs de train (GDL) a lancé
une « grève d'avertissement » de trois heures, annoncée à l'avance, décidée en fin de journée pour « ne pas gêner les banlieusards qui reprenaient le travail dans
la matinée », selon le syndicat.
Le syndicat de lutte GDL paralyse 90 % du trafic allemand
Ce fut suffisant pour que le trafic de marchandises et de passagers – longue distance,
régionale et de banlieue – soit « à l'arrêt ou avec des retards de 1 à 3 h, sur 90 % du trafic » de l'aveu de la direction de la Deutsche Bahn (DB), l'équivalent de
notre SNCF.
Les médias n'ont pu nié l'ampleur de la mobilisation, ils ont joué la carte de
l'indignation des usagers – incrédule face à un mouvement
qu'ils ne comprennent pas – et le refrain de la démagogie contre les
soi-disant privilèges des conducteurs de
train.
Un ex-syndicat catégoriel qui a gagné la confiance de tous les cheminots par ses
positions de lutte
Or, la GDL n'est plus un syndicat catégoriel,
avec ses 37 000 syndiqués. Si
il représente 80 % des 22 000 conducteurs de train, il est aussi
présent chez 30 % des 140 000 autres employés du rail, et majoritaire
chez les personnels roulants autres que les
conducteurs.
Face à son rival réformiste EVG, adhérent à la DGB (Confédération des syndicats allemands) et
toujours prêt à la collaboration avec la direction, la GDL a gagné le respect des autres personnels dans la lutte, par ses positions de rassemblement sur des positions de
classe.
La lutte de la GDL, c'est non seulement la hausse des salaires de 5 %, la baisse de la semaine
de travail de 39 à 37 h mais la renégociation de la
convention collective – arrivée à expiration en juin dernier – pour
unifier les conditions de tous les personnels vers celles des
conducteurs.
Car, la direction de la Deutsche Bahn en 2010 avait préféré créer deux conventions
collectives.
Prétendant
que la GDL n'était qu'un syndicat catégoriel, elle avait négocié une
convention
plus avantageuse avec elle pour les conducteurs, laissant le reste
du personnel avec une convention au rabais convenue avec EVG.
L'ironie de l'histoire, c'est qu'aujourd'hui c'est la direction de la Deutsche Bahn qui
revient à la charge et cherche à harmoniser les conventions
collective vers le bas, à ranger la GDL derrière l'EVG au nom de l'
« unité de négociation »
(tariffeinheit).
La lutte autour du « tariffeinheit » :
imposer la représentativité pour limiter le droit de grève
Le « tariffeinheit », c'est le nom de code de l'offensive du patronat depuis
2010 contre le droit de grève en Allemagne, après pourtant
que la Cour fédérale du travail a reconnu la « tariffpluralitat », soit
la pluralité syndicale à l'entreprise, et
pluralité des conventions collectives.
Depuis, la BDA (Medef allemand) et la DGB font front commun pour l' « unité de
négociation ». La DGB prétend que c'est une façon de défendre l'unité des travailleurs, le « dialogue social ». Avec le patronat, pardi !
Le tariffeinheit avait
été instauré en 1950 par la RFA anti-communiste, reconnaissant un seul
syndicat représentatif par entreprise, ceux regroupés dans la DGB. Cela permettait de garantir la collaboration (« co-gestion ») entre
patronat et syndicat dans l’entreprise en RFA.
Donc, le tariffeinheit
c'est ce qu'on essaie de nous imposer en France par la
représentativité, réduite à un seul syndicat reconnu par le patron,
l’État, seul habilité à négocier, signer des accords … et à mener des
grèves légales. C'est donc une limitation
importante du droit de grève.
L'ennemi, ce sont ces petits syndicats de base, catégoriels, qui ne jouent pas le jeu
du « dialogue social », de la « co-gestion » : notamment
celui des conducteurs de train (GDL) et celui des pilotes d'avion (VC),
qui étaient d'ailleurs en grève
vendredi dernier.
Une enquête de l'Institut d'études pro-patronal IW, menée par Hagen Lesch, sur 123 conflits du
travail avait montré que les syndicats dits catégoriels (de « lutte », de « base » dans le contexte allemand) allaient plus souvent au conflit que les
autres.
Le front uni du patronat (BDA), de la confédération syndicale (DGB) et de la ministre
social-démocrate du travail contre le droit de grève !
Ce lundi, les mots ont été durs du côté de la direction de la DB. Le responsable du personnel,
Ulrich Weber, a parlé d'une grève « absolument incompréhensible » et même d'un « acte criminel » (!).
Ingo Kramer, président de la Confédération des associations patronales allemandes (BDA) a
déclaré dans Die Welt qu'il attend impatiemment la promulgation de la loi limitant le droit de grève : « Sans unité de négociation (tariffeinheit), la négociation
collective n'est pas possible sur le long-terme ».
Cela tombe bien, la ministre du travail social-démocrate (SPD), Andrea Nahles, prépare justement un texte de loi qui
prévoit d'ancrer ce principe de l' « unicité de négociation » qui devrait limiter fortement la capacité d'action, de négociation et de mobilisation des syndicats de
base.
En
Allemagne, comme en Italie ou en Belgique, le droit de grève est en
péril et les cheminots sont en première ligne
pour le défendre. Vigilance car la France – déjà entamée par la
représentativité, le service minimum – pourrait être la prochaine cible.
Fuente:Solidarite Internationale_PCF/prensaPopularSolidaria
http://prensapopular-comunistasmiranda.blogspot.com
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