Grève générale massivement suivie au Portugal et paralysie du pays à l'appel de la seule CGTP, « déterminée à continuer la lutte pour rompre avec cette politique »
Por:Solidarite-Internationale_ PCF
La lutte s'intensifie au Portugal, semaine après semaine, à l'initiative de la CGTP, premier syndicat du pays, syndicat de classe lié organiquement au Parti communiste portugais. Plus que jamais pourrait-on dire après l'élection à sa tête en janvier dernier au XIIe congrès de la CGTP, d'un membre du Comité central du PCP, Arménio Carlos.
Cette grève générale du 22 mars était préparée depuis des semaines, de « semaines de lutte » en journées d'action, elle devait être à la hauteur de la grève nationale inter-syndicale (CGTP/UGT) du 24 novembre, où 3 millions de travailleurs s'étaient mis en grève, et de la manifestation géante du 24 février, avec 300 000 manifestants dans les rues de Lisbonne à l'appel de la seule CGTP.
A l'appel de la seule CGTP, les attentes n'ont pas été déçues pour cette première grève générale de l'année. En ligne de mire, un accord inique signé entre le patronat et le syndicat réformiste, proche du PS, l'UGT. Une réforme du travail qui prévoit entre autres :
---la dérégulation des licenciements, plus faciles et moins onéreux pour le patron;
---la flexibilisation des horaires de travail avec l'instauration de la « banque d'heures »;
---la baisse des salaires réels avec la minoration du paiement des heures supplémentaires;
---la remise en cause du principe de la négociation collective;
Une adhésion massive dans tous les secteurs, transports et industrie lourde en tête
Les médias bourgeois n'ont pu occulter totalement le succès d'une grève dont les taux d'adhésion sont semblables à la grève du 24 novembre, pourtant convoquée par l'intersyndicale, et qui a paralysé partiellement, et dans certains secteurs, totalement le pays.
C'est le cas dans les transports, où le métro de Lisbonne a été fermé (100% de grévistes), une seule ligne fonctionnait au ralenti à Porto (90% de grévistes). Les tramways de Lisbonne étaient perturbés (50%), tout comme les transports urbains de l'Alentejo et du Ribatejo (70%). Le port de Lisbonne a également été fermé à l'activité, en ce qui concerne les transports de voyageurs.
Dans les services publics, l'adhésion a été massive, 70% aux télécoms ainsi qu'à l'énergie, entre 60 et 80% dans l'éducation nationale. Dans les principaux hôpitaux de la capitale, les services ont fonctionné au ralenti, à Dona Estefania la grève a été suivie par 93% des infirmières et 100% du personnel administratif, à Sao José par 84% des infirmières et 100% du personnel des urgences.
Dans le secteur privé, en dépit des intimidations et du chantage patronal,la grève a été massivement suivie dans les principaux sites industriels du pays: 60% au site Citroen de Setubal, 70% aux chantiers navals de Setubal, 85% à l'usine Parmalat de Palmela, 85% à St-Gobain (Loures) et enfin 100% à l'usine Bosch de Braga.
Pour la CGTP, « la lutte doit continuer », pour l'UGT « il ne faut pas rechercher le conflit pour le conflit »,l'affrontement de deux lignes syndicales au Portugal ?...
Lors de son discours de clôture qui concluait à Lisbonne une des 35 manifestations convoquées dans tout le pays, le sectétaire-général de la CGTP Arménio Carlos a salué le succès de la grève, une étape pour lui dans un mouvement qui se construit progressivement : « Nous ne sommes pas disposés à capituler, et nous allons continuer à lutter ».
Loin de toute perspective de conciliation, le dirigeant syndical communiste a affirmé avec détermination : « L'avenir passe par la rupture avec ces politiques qui sont poursuivies actuellement ».
Le discours tranche avec la position de l'UGT, signataire de l'accord ignominieux avec le gouvernement sur la réforme du marché du travail. Le secrétaire-général de l'UGT, João Proença avait refusé de participer à une « simple grève de contestation ».
« Il s'agit d'une stratégie bien pensée par la direction de la CGTP, ils veulent la lutte pour la lutte, la confrontation pour la confrontation ».
L'UGT reproche donc au CGT d'être un syndicat de lutte de classe, et le secrétaire de l'UGT affiche clairement sa ligne réformiste : « Nous, nous avons un objectif clair, renforcer le dialogue social ».
... Ou l'affrontement de deux lignes à l'échelle européenne ?
Mais est-ce que cet affrontement entre une ligne de lutte de classe et une autre de concertation est réductible au Portugal ?
Au même moment, des réformes du marché du travail sont en cours en Espagne et en Italie. En Espagne, l'UGT et les CC.OO ont jusqu'alors canalisé la colèrepar des manifestations le samedi et le dimanche, en Italie, Susanna Camusso, secrétaire de la CGIL, participait aux négociations avec le gouvernement et le patronat pour corriger la réforme du travail.
Il convient d'avoir en tête la déclaration d'Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire des Commissions ouvrières et président de la CES (Confédération européenne des syndicats) après les manifestations du 19 février : « Les syndicats ne cherchent pas l'affrontement, mais bien la rectification de la réforme du travail,et visent à offrir un exutoire aux citoyens, afin qu'ils expriment leur opposition à cette politique de coupes et de licenciements que tente d'imposer le Gouvernement ».Une position étrangement semblable à celle du syndicat UGT au Portugal.
Depuis, sous la pression des bases syndicales, une journée de grève générale a été convoquée en Espagne, le 29 mars, et en Italie. Dans le cœur capitaliste, par contre, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, l'attaque contre les droits sociaux des travailleurs, à une échelle encore inégale, ne rencontre aucune résistancede la part des directions syndicales.
Cette apathie générale du mouvement syndical européen n'est pas un hasard, elle correspond à la ligne européenne promue par la CES, dont la clé peut se trouver dans un texte signé en décembre 2011 par 8 dirigeants syndicalistes européens (de Ignacio Fernandez Toxo à François Chérèque, de Susanna Camusso à Bernard Thibault), un plaidoyer pour l'Europe sociale qui se conclut par un appel à agir « dans un cadre commun européen pour ainsi renforcer le dialogue social ».
Ce n'est pas non plus tout à fait un hasard si les principaux foyers de contestation aujourd'hui en Europe se trouvent au Portugal et en Grèce,deux pays où les Partis communistes sont restés sur des positions de classeet ont conservé un lien organique avec des syndicats de masse comme le PAME et la CGTP.
Au Portugal et en Grèce, la lutte continue, ailleurs elle n'a pas encore commencé.
Fuente: Solidarite Internationale PCF/PrensaPopularSolidaria_(PrenPopSol_PPS)
http://prensapopular-comunistasmiranda.blogspot.com/
Correo: pcvmirandasrp@gmail.com
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