L’alternative introuvable : 60% d’abstentions aux européennes. La nécessité, plus que jamais, de renforcer le PCF. Première analyse de la section du PCF Paris 15ème, 8 juin 2009 Un résultat des élections européennes éclipse tous les autres. 60,2% des électeurs inscrits se sont abstenus, auxquels il faudrait ajouter les 2% de bulletins blancs et nuls. Deux comparaisons aident à interpréter ce chiffre jamais atteint : 1- Au référendum de 2005, l’abstention n’avait été que de 30%. On sait comment l’UE et les partis dominants en France ont décidé d’ignorer la décision démocratique du peuple français, comme celle du peuple néerlandais puis des Irlandais en réintroduisant la Constitution européenne rejetée avec le traité de Lisbonne. Il est logique que les peuples refusent de donner une caution démocratique aux politiciens et aux structures de l’UE qui les méprisent. Le Parlement européen sortant s’était lui-même prononcé à 90% pour la Constitution. L’abstention massive porte la persistance, la montée, du rejet de l’UE du capital. Ses traités, directives et règlements sont plus illégitimes que jamais pour casser les acquis sociaux et démocratiques nationaux.
2- Le 1er mai, l’Humanité titrait « 72% des Français soutiennent les revendications ». Ces derniers mois ont été marqués par des luttes de grande ampleur dans notre pays, dans un contexte de crise du capitalisme. A plusieurs reprises, le 29 janvier, le 19 mars, les travailleurs ont manifesté par millions. Le soutien à ce mouvement qui met en cause directement la politique du Président et du gouvernement et ses contre-réformes n’a cessé de s’étendre. Force est de constater que ce mouvement de fond, qui porte la perspective d’une alternative politique, ne s’est pas retrouvé dans la campagne des élections européennes. C’est l’autre enseignement de l’abstention qui atteint des sommets, parfois 75%, dans les villes ouvrières et les quartiers populaires.
Pour autant, en aucun cas, le gouvernement ne peut se prévaloir de l’expression d’un soutien majoritaire à sa politique. Ses partisans se sont logiquement davantage mobilisés. L’UMP arrive largement en tête mais son résultat, 28% des exprimés, ne représente guère qu’un Français sur 8.
Le PS subit, avec 17% des voix, la lourde sanction de son défaut d’opposition sur le fond à la politique européenne et aux choix nationaux du pouvoir. Les politiciens qui se présentaient comme « écologistes », ont, ce n’est pas la 1ère fois aux européennes (cf 1989), été mis en avant comme vote défouloir sans conséquence. Les travailleurs n’ont rien à en attendre. L’engagement ultralibéral et anticommuniste de M. Cohn-Bendit ne s’est jamais démenti pendant que l’opportunisme politicien de M. Bové s’affirme.
Comme des milliers de communistes dans tout le pays, nous avons mis au centre de notre action pendant la campagne électorale le contenu du vote communiste qui seul pouvait donner un sens au vote lui-même.
Dans la suite des campagnes de notre parti en 1992 contre Maastricht, en 2005 contre la constitution européenne, nous avons affirmé le refus de l’intégration dans l’UE du capital et de sa fatalité.
Nous avons mis en avant les possibilités de rassemblement et de convergences de tous ceux qui luttent pour commencer à faire plier le pouvoir dès maintenant.
Cette campagne militante, qui continue, a permis de multiplier les contacts, de réaliser des adhésions, de collecter des milliers de signatures pour le retrait de la Loi Bachelot contre l’hôpital public…
Mais nous vérifions aujourd’hui que la stratégie du « Front de gauche » a empêché notre parti de jouer pleinement son rôle pour l’alternative politique dans ces élections. Tous les communistes devront y réfléchir.
Malgré la force du NON de 2005 et le rôle qu’a joué le PCF dans cette victoire, malgré la crise du capitalisme et l’actualité renouvelée de nos fondamentaux idéologiques, malgré l’ampleur des luttes sociales, malgré le discrédit du PS (28% en 2004), les listes du « Front de gauche » stagnent par rapport aux les listes de rassemblement présentées par le PCF en 2004 : 6,05% des suffrages exprimés (2,4% des inscrits) contre, en 2004, 5,90% des exprimés (2,5% des inscrits). Elles n’ont pas détourné de l’abstention. Avec 1.038.000 voix, le Front de gauche sur toute la France fait moins que le vote communiste aux cantonales de 2008 dans une moitié du pays (1.150.000 voix rien que sur les 50% de cantons renouvelables).
Une première analyse dans le détail tend à montrer le Front recule souvent dans les villes ouvrières et les quartiers populaires, malgré l’action militante des communistes, mais capte une parti du vote socialiste, notamment dans les centres-villes. Ces résultats et l’émiettement des votes pour les autres listes permettent de faire réélire le même nombre de députés PCF, Jacky Hénin et Patrick Le Hyaric, et de faire élire à Strasbourg Jean-Luc Mélenchon et une militante associative, Marie-Christine Vergiat.
Le choix, imposé aux communistes par la direction du PCF, de la stratégie du « Front de gauche » et la campagne nationale ont brouillé nos positions, d’autant que Jean-Luc Mélenchon s’est rapidement imposé, c’était prévisible, comme porte-parole national. L’engagement « pro-européen » de la campagne (Mélenchon a été un ardent partisan de Maastricht), la perspective politique reportée à une victoire de la « gauche » en 2012 (déjà Mélenchon tend la main à Cohn-Bendit), la priorité donnée aux enjeux institutionnels ont dilué le sens du vote communiste.
Le caractère « unitaire » du Front de gauche, mis en avant malgré l’insignifiance de nos partenaires (2800 adhérents pour le Parti de gauche, 250 pour la « Gauche unitaire »), a révélé davantage un glissement sur les positions de fond historiques du PCF et un appel du pied à l’électorat socialiste qu’une démarche de rassemblement correspondant à l’aspiration à la convergence des luttes.
Nous continuerons à nous opposer à toute perspective de poursuite de la dilution du PCF dans ce type d’alliances aux contours et aux contenus incertains. La direction du PCF doit écarter sans ambiguïtés et définitivement le scénario de fusion dans un « parti de gauche » tel que Mélenchon et certains dirigeants du PCF le proposent. La place de notre parti est plus que jamais dans la lutte des classes.
Sans attendre, nous continuons notre action dans les luttes, dans les entreprises et les quartiers du 15ème. Le 13 juin a lieu une nouvelle et très importante journée nationale de manifestations à l’appel des organisations syndicales.
Dès cette occasion, montrons que le rapport de force pour mettre en échec la politique de Sarkozy-Fillon est toujours bien là. Les élections européennes ne pouvaient pas sonner l’heure de l’alternative politique. Les luttes et leurs convergences si !